La négritude était une réaction à la politique administrative coloniale française d'assimilation ; cette politique était fondée sur la conviction que les Africains ne possédaient ni culture ni histoire et que la culture française pouvait donc être utilisée pour les civiliser. La négritude a souhaité un re-ancrage profond et presque essentialiste des Africains dans l'histoire, les valeurs, les cultures du peuple noir, tout en étant ouvert à l'amitié avec d'autres civilisations. Le poème ci-dessous de Diop reflète ces valeurs. David Diop est mort dans un accident d'avion en 1960. Il avait 33 ans.
Le dispositif poétique le plus fort de Diop dans ce poème est
celui de la personnification. Il insuffle à l'Afrique des qualités humaines, et
lui parle directement. Il renforce son humanité avec les images de «beau sang
noir… Le sang de ta sueur…. La sueur de ton travail… ton dos qui est plié.
Néanmoins, Ansah suggère que ce poème est une démonstration
du fait que « l'attitude de Diop envers l'Afrique est plus réaliste que
romantique ». [1974 : 23]. Par conséquent, Diop est conscient de
la nécessité de reconnaître le passé de l'Afrique, cependant, il veille à ne
pas s'enterrer lui-même et ses imaginations de l'Afrique dans ce passé. Au
contraire, il préfère penser à un moyen d'arriver à un avenir africain plein
d'espoir, libéré de l'humiliation de la colonisation du passé de l'Afrique
[Ansah, 1974 : 24]. Mais le sens écrasant que l’on obtient du traitement
littéraire de l’Afrique par Diop dans ce poème, est un amour profond et presque
inébranlable pour le continent [Rhodes, 1970 : 234, 239]. Et c'est cet
amour qui transparaît et qui fait probablement de ce poème un héritage si
durable, à travers et au-delà du continent africain. Mais cet amour, tel
qu'exposé dans ce poème, n'est pas seulement une émotion profondément
ressentie, mais aussi une action libératrice individuelle et générationnelle
[Mpondo, 1970 : 99-100].
Ainsi, bien que le mouvement de la Négritude semble être allé vers son repos éternel. Et les mouvements de décolonisation des années 50 et 60 n'ont porté que de la poussière. Bien que les gouvernements africains postcoloniaux aient été la révolution qui a mangé ses propres enfants au petit-déjeuner… De nouveaux poèmes d'amour pour l'Afrique sont encore écrits et parlés. De nouveaux rêves africains étant rêvés. Nouveaux mouvements décoloniaux africains. De nouvelles fleurs poussent. Nouveaux fruits sur les arbres. Puissions-nous goûter la vraie liberté. Que nos dos ne se courbent pas. Pour nos enfants. Nous sommes pour toujours l'Afrique.